It's shopping time - Abigail & Mollie

Sortie de cours, tu t'étais réfugiée derrière les gradins du terrain de baseball. L'odeur de l'addiction rougit tes yeux, et t'enivres alors que ton corps se détend peu à peu de tout le stress accumulé. Enfin, le stress accumulé d'avoir séché toute la journée, mais de t'être fait attraper pour la dernière heure. À deux doigts de passer la journée parfaite, mais c'est raté. Tu prends une dernière inspiration, et écrase le mégot dans la terre. Tu ouvres ton sac et en profites pour changer tes rangers pour ta paire de rollers. Tu te relèves dans un mouvement fluide, et entame ta route. Envie aléatoire, comme tous les gens de ton âge, pourquoi pas aller au centre commercial. Les roulettes frottent contre le trottoir, tu manques de rentrer dans deux-trois personnes sur le chemin, sans t'excuser tu traces ton chemin.

Frein en arrivant, tu profites de ne pas voir le vigile pour y rentrer à la vitesse de ton choix, effrayant quelques personnes en glissant sur quelques rampes sur le chemin. Regard derrière toi si personne ne te poursuit pour te virer, et pour le moment aucun. Ta tête se remet devant, et merde, une personne. Tu lui rentres dedans de plein fouet. Vous tombez toutes les deux à terre. Tu te relèves comme tu peux, et t'approches d'elle. Tu lui tend une main pour l'aider à se relever, et pour une fois tu décides de faire preuve d'un peu de politesse.

" S'cuse moi. Rien de cassé ? "

Sa besace sur l'épaule, Abigail quitte le lycée. Ce soir elle ne se rend pas directement dans sa chambre pour s'abreuver de connaissances comme d'accoutumée. Non, ce soir elle doit se rendre au centre commercial. La plupart de ses petits pulls commencent à être usés et un nouveau serre-tête pour embellir sa chevelure ne serait pas de trop. Elle pourrait le ranger avec les autres dans le dernier tiroir de sa petite commode et le porter quand son tour viendrait. Profitant de l'arrivée du printemps, elle décide de s'y rendre à pieds quand bien même elle n'est en rien focalisée sur ce qui l'entoure, il reste agréable de se promener par des températures aussi douces que celles-ci. Ses écouteurs vissés dans les oreilles elle laissait son esprit voguer au rythme de musiques que ses parents désapprouvent sûrement. Mais n'est-elle pas maintenant assez grande pour faire elle même ce genre de choix insignifiants qui la concernent. Vraisemblablement si. Rythmes erratiques et sonorités mystiques qui la plongent dans un univers bien à elle, quelque chose qui lui appartient.

Si elle a toujours l'air bien droite dans ses petits souliers de cuir et ses petites jupes, c'est bien distraitement qu'elle franchit les portes automatisées du centre et qu'elle s'engouffre à contre coeur parmi la foule disparate, tâchant au mieux d'éviter le moindre contact. Finalement elle s'arrête devant ce genre de boutiques peu fréquentées un peu vieillotte. Le genre qui vendent tout l'attirail de la parfaite petite chrétienne au milieu d'une quantité astronomiques de vêtements pour vieux. Les premières vitrines ne lui font pas grande impression, elle migre au milieu de la masse des corps, son esprit déjà concentré sur ses achats futurs, elle ne prête plus aucune attention à ce qui l'entourent, seuls les vêtement et les étiquettes comptent.

Douleur, le choc est rude et elle a l'impression d'être projetée à terre. Elle l'est et son derrière touche le sol avec lourdeur, ça fait mal. Ses écouteurs quittent ses esgourdes et s'emmêlent avant de tomber par terre avec elle entraînée par son sac trop plein d'ouvrages. La musique s'arrêtent soudainement, possiblement son vieil appareil en a prit un coup. Elle porte une des ses mains au bas de son dos, les yeux fermés. Ça n'a pas l'air grave mais ça fait mal. Sifflement les dents serrées, elle empoigne ses écouteurs avant de rouvrir les yeux pour les poser sur le visage d'une inconnue qui lui tend la main. Rapidement, elle la parcourt des pieds à la tête. Son style, son attitude et sa manière de parler. Elle est complètement en paradoxe avec cette personne, elle peut le sentir. Néanmoins, elle ne refuse pas un peu d'aide pour se relever, l'impression que son dos est en compote persiste mais elle se remet pourtant bien droite avant de venir épousseter sa petite jupe. Ses jolis yeux bleus se posent sur le visage de son interlocutrices alors qu'elle fait glisser son câble à l'intérieur de son sac avant d'en ressortir le vieux baladeur. HS. Elle le range de nouveau, ravalant un soupir d'insatisfaction. Au moins elle va bien.

"Ce n'est rien, ne t'en fais pas. Tu aurais pu faire un peu plus attention."

@Mollie

Elle ressemble à une saint-nitouche, c'est la première chose qui te vient en tête. Elle te regarde de haut en bas, comme pour te juger. Lever de sourcil de ta part, alors qu'elle frotte sa jupe. Tu ne sais pas comment, mais tes pensées ont tellement tourné que tu te retrouves bloquée dans l'idée qu'elle pense valoir mieux que toi. Elle récupère quelque chose dans son sac, tu vois un appareil du coin de l'oeil, mais elle le range assez rapidement. Elle t'adresse la parole et tu as l'impression qu'elle s'apprête à te faire une morale, ce que tu détestes le plus. Elle te rappelle ces adultes qui pensent que tu n'es qu'une bonne à rien, qui font tout pour t'empêcher de vivre. Alors, une réponse arrogante sort de ta bouche, pensant que ton égo était plus important que la situation.

" Ouais ouais, toi aussi t'aurais pu faire plus attention. C'est dangereux la musique à fond comme ça, on entend plus rien après. "

Sourire moqueur sur tes lèvres, tu ne la lâches pas des yeux. Enfin, cela jusqu'à ce que tu te décides à sortir une cigarette en plein milieu du centre, et de l'allumer sous son regard noir. Grande inspiration, puis la fumée ressort, créant un léger nuage entre vous deux. Tu ouvres le paquet et lui tend sous le nez. Question d'égo ou non, ça reste toi qui l'a bousculée, alors tu aimerais lui faire un cadeau pour te faire " pardonner ". Ou plutôt pour te donner bonne conscience.

" Aller, j'paye ma clope. J'te dois bien ça. "

Une voix masculine t'interpelle. Regard en arrière, c'est le vigile. Oh merde. De loin tu l'entends te demander d'éteindre ta cigarette et de retirer tes rollers, sinon tu te ferais sortir de force. Haussement d'épaule, tu jettes la cigarette en sa direction, avant de commencer à rouler, prenant le bras de ta nouvelle rencontre sur le chemin. Tu voulais tout de même lui offrir cette cigarette, après tout c'est toi qui l'a bousculée.

Un seul sourcil se lève face à sa répartie. Certes, la musique ça peut perturber mais ça n'empêche pas de regarder où on va. Un sourire clairement moqueur sur le visage sans pression elle décide de sortir une cigarette et de l'allumer. En plein centre commercial. Le deuxième sourcil se lève et la main d'Abigail vient instinctivement se plaquer contre son nez et sa bouche. Ça pue. Son regard fait quelques allez-retour entre le visage de l'autre fille et le paquet qu'elle lui présente sous le nez. Certes elle lui doit bien quelque chose, mais ce serait bien mieux si ce n'était pas un file cancer. Mais elle n'a pas tellement le temps de poliement refuser puisqu'un vigile s'en vient, menaçant de sortir l'impudente si elle ne se déchausse pas et qu'elle n'éteint pas son bâton de mort. Au moins elle allait la laisser tranquille et elle pourrait poursuivre sa séance shopping sans musique. Mais non. Elle jette la cigarette, attrape son bras et s'élance, l'entraînant avec elle.

"Hé !"

Elle tente de trouver son équilibre forcée de courir avec sa besace et ses petits mocassins en cuir. Pas très pratique mais elle devra composer avec car maintenant ce gros gorille de vigile la pense sûrement complice de la contrevenante. Elle commence à regretter de ne pas avoir remit l'achat de vêtements au lendemain. Son bras glisse un peu alors qu'elle court comme une dératée et finalement ses doigts se referment sur le poignet de la patineuses alors qu'elles fendent la foule les vigiles aux trousses. Ce soir elle serait bonne pour prendre un bon bain.

"Tu comptes m'emmener jusqu'où comme ça !? On se connait même pas !"

C'est vrai ça, elle ne comprend pas vraiment pourquoi cette inconnue l'entraîne avec elle alors qu'elles n'ont strictement rien à voir. Sûrement parce qu'elle se sentirait plus rassurée avec un complice à faire couler avec elle. Incompréhensible. Et de toute façon elles avaient l'air d'avoir sensiblement le même âge alors elle doute sincèrement que les vigiles n'aillent plus loin que de la pousser à sortir. Les sortir. Puisque maintenant elles sont sur le même bateau. Enfin, l'une sur ses rollers et l'autre à pieds.

@Mollie

Elle tient quand même bien, pour son apparence. Avec ses mocassins, tu ne pensais pas qu'elle tiendrait le rythme, tu t'attendais à la voir traîner ou se casser la gueule à nouveau. Mais elle questionne tes actions, et continue de courir derrière toi. Alors sur un ton moqueur, presque sonnant comme un morceau chanté par un enfant, tu lui réponds, toujours sans la regarder. Cette fois-ci, tu fais bien attention, tu suis ses conseils. Ça serait con d'avoir à trimbaler une autre inconnue avec toi à travers le centre commercial.

" Moi c'est Mollie, voilà maintenant on se connaît. Et j't'emmène dehors, avec moi. "

Tu ne peux pas aller à la vitesse maximale, tu t'es décidée à prendre un poids avec toi, juste pour la faire chier. Son attitude t'agaçait, alors tu continuais de la foutre dans la merde avec toi. Vous avez bien fait le tour du bâtiment poursuivis par le vigile, et vous voilà proches de la sortie. Tu frôles les portes automatiques, passant à deux doigts d'exploser le verre qui les forment, avant de relâcher le bras de ton otage, te rendant compte que devant, se trouvent des escaliers. Tu subis la chute, cette fois-ci seule. Ta peau s'érafle contre le bitume, et tu atterris sur le dos, d'une façon similaire à la pauvre lycéenne que tu as bousculée quelques minutes auparavant. Tu t'allonges sur le sol, comme en abandon, avant de ressortir une cigarette, et de l'allumer en regardant le ciel. Tu te redresses comme tu le peux, ressemblant à une vieille ayant le dos bloqué, pour reposer ton regard sur elle, te maintenant grâce à ta main libre.

" Et toi, t'as un nom ? "

Baton de mort à tes lèvres, tu la regardes de haut en bas cette fois-ci. La douleur te fait reconsidérer tes choix, et tu aimerais bien te faire réellement pardonner, pour une fois. Tu frottes avec tes mains les diverses éraflures sur ton corps, c'est ça de pas porter de protections, et de rouler sous substances. Nouvelle bouffée de poison, tu te relèves difficilement pour venir te replacer sur les marches, toujours en tenant ton dos. Puis, tu tapotes à côté de toi pour lui faire signe de s'asseoir avec toi.

" Tu voulais acheter quoi à la base ? J'te le paye. J'te dois bien ça. "

Tentative de rédemption de ton côté, pour une fois que tu te sentais coupable après une action stupide. Aucune idée de pourquoi, mais ça devait bien arriver un jour.

Le bruit de ses propres pas semblait résonner au creux de son esprit alors que lancée à corps perdu dans cette poursuite, elle tentait au mieux de rester accrochée à sa ravisseuse peu envieuse de se ramasser encore une fois le cul par terre et encore moins le visage. En pleine pointe de vitesse, elle lui lance son nom à la volée mais ce n'est pas pour autant qu'elles se connaissent maintenant comme elle le dit. Elle reste juste une étrangère. Une étrangère qui s'appelle Mollie. Et qui visiblement semble maintenant vouloir sortir de cet endroit. Hallelujah, pas d'ennuis avec la sécurité. Du moins elle espère.

Portes en verre franchies la prise sur son bras se relâche, alors elle relâche la sienne sans réfléchir avant de se rendre compte que c'était une erreur. Un frisson d'effroi la parcours lorsque ses yeux se posent sur les escaliers et elle ne peut que plaquer sa main contre sa bouche alors que la misse en roller se rétame de manière assez grandiose. Et sans protections. Abigail secoue la tête se délivrant instantanément de ce moment de stupeur oubliant son propre état et déjà essouflée elle se remet à courir pour rejoindre la fumeuse et son sens des priorités somme toute assez spécial. Faisant abstraction de l'odeur de la fumée nocive elle vient se placer près d'elle en fouillant dans sa besace pour en extirper une bouteille d'eau et un paquet de mouchoir en papier.

"Abigail."

Sans demander son avis à l'autre demoiselle, elle s'affaire à la manipuler pour rincer comme elle le peut ses blessures. Bénignes mais il serait stupide de risquer une infection en plus d'ennuis avec la police peut-être. Sait on jamais. Elle relève ses yeux bleus sur le visage de la fille en roller, elle la détaille encore un peu avant de soupirer très légèrement en inspectant les petites plaies avant d'y passer le mouchoir humide. Et puis la laisser souffrir alors qu'elle essayait de s’amender ce n'était pas très gentil. Elle hausse très vaguement les épaules en relevant les yeux vers elle ses propres cheveux légèrement en pagaille après leur course folle.

"Quelques vêtements, un serre tête... et un nouveau walkman. Mais ne t'en fais pas pour ça. Tu devrais plutôt aller consulter pour voir si tu ne t'es rien fait de grave au niveau du dos."

@Mollie

Abigail, c'est son nom. Tu le découvres alors qu'elle passe des mouchoirs trempés sur tes éraflures. Rien de grave, pourtant, mais c'est bien la première fois depuis longtemps qu'on s'occupe de toi. Ça te rend confuse, alors pendant quelques secondes tu restes là, figée, sans rien dire. On te prendrait presque pour une statue de marbre en train d'être nettoyée. Mais tu reviens vite à toi-même, et la liste de course de ta nouvelle infirmière semble plutôt couteuse. Alors bon, lorsqu'elle te propose d'aller consulter, l'idée te donne envie, même si tu serais sûrement retournée fumer un joint dans ta chambre.

" T'inquiètes pas pour mon dos, ma petite Abi, ça va aller. Aller, j'retire mes rollers et j't'achète ça. "

Grande inspiration, la cigarette te vide le cerveau, qui lui est toujours enfumé de part ton addiction. Yeux braqués sur vous, tu laisses échapper une réponse générale d'une voix rauque. Un " Qu'est-ce que vous regardez ? " suivi de quelques regards noirs et parfois quelques doigts d'honneur. Mais ne t'attardant pas sur les spectateurs, tu reviens à Abigail. Tu lui souris, cette fois-ci honnêtement, comme si la douleur allait partir d'une façon ou d'une autre. Mais pas grave, tu ouvres ton sac et commences le changement de chausse.

" D'ailleurs, merci hein. Pour les mouchoirs... enfin la désinfection. Tu m'as compris quoi. "

Question, de quoi faire un peu la discussion, car il était hors de question de juste la suivre et lui payer ses achats sans en apprendre un minimum à propos d'elle. C'est rare, mais tu te ferais peut-être enfin une nouvelle amie. Rollers dans le sac à dos, chaussures de ville aux pieds, tu te relèves, pour t'habituer un peu du retour au sol. Nouvelle taffe, tu jettes le mégot au sol, avant de commencer à te diriger.

" Bon, ma chère Abigail, tu sors d'où ? "

Elle est un un peu folle, elle a dû se taper la tête; c'est presque sûr. Abigail passe ses mains dans ses propres cheveux pour les arranger en remuant doucement la tête de gauche à droite pour lui signaler son refus. Même si c'était pour se racheter de l'avoir bousculer, ce n'est pas la peine d'aller si loin. Le fait qu'elle se sente désolé suffit amplement, guère besoin de s'étaler à ce sujet, ce qui est fait est fait. En plus ça pue la clope alors elle retient sa respiration par intermittence, tourne la tête dans la direction opposée pour reprendre son souffle. Vraiment c'est dégueulasse.

"Vraiment, ne m'achète rien, c'est pas la peine. Ça arrive de bousculer les gens... Et t'en fait pas pour ça, au moins t'as pas l'air de t'être cassé quoi que ce soit."

A défaut d'avoir pété son walkman elle est entière en effet. Et c'est sûrement mieux comme ça. Abigail ne voulait pas assister à une tragédie et encore moins être impliquée dedans de quelque manière que ce soit. Elle se racle doucement la gorge évinçant au mieux les volutes de fumée nocive en remuant sa main. Du coin de l'oeil elle observe l'autre fille changer de chausses. Parfait au moins elle ne risquait pas d'avoir encore d'ennuis avec le vigile. Elle se redresse aussi, bien décidée cependant à ne rien se laisser offrir par cette inconnue. Elle avale une gorgée d'eau avant de ranger sa bouteille dans son sac.

"Je viens du lycée Saint-Clair. Et toi ?"

Elle avait bien une idée de là où elle vient. Elle en était même sûr. Mais lancer ça de but en blanc la ferait sûrement passer pour... ce qu'elle est. Et elle n'apprécie pas trop. Alors elle préfère laisser à la rouleuse le bénéfice du doute en lui confirmant la réponse à cette question.

Alors qu'elles franchissent de nouveau les portes automatiques du centre commercial, elle décide de mettre encore une fois les choses au clair.

"Tu peux m'accompagner. Mais ne m'achète rien, ok ?"

@Mollie