Mon Royaume pour un livre — Simon

Elle avait probablement commencer son week-end autrement. Certes, elle avait prévu de consacrer ce samedi à l’entretien des plantes d’intérieur et du jardin-terrasse qu’elle avait crée , petit à petit à son emménagement. Les anciens propriétaires avait préféré un usage plus prosaïque , piscine et barbecue. Nimue, elle, avait préféré transformer en espace calme de verdure, contrôlé, qui permettait à sa ménagerie , en tout cas celle qui ne vivait pas en aquarium ,  d’avoir un large terrain de jeu entièrement sécurisé. Heka, le border collie, apprécie d’ailleurs pleinement l’endroit, cavalant allégrement sur les 250 m² , là où le couple de félin préférait le catio et ses douillets coussins pour leur sieste d’après midi. Seul le sieur lapin daigne de temps en temps l’accompagner,  sous surveillance. Ce tableau aurait pu être idyllique si une invasion de cochenille n’avait pas décidé de se la jouer trouble fête, s’attaquant au pachira du salon et menaçant une fois le printemps venu de s’étendre à l’extérieur après et menacer l’équilibre fragile du jardin. Nimue se refusait à une telle éventualité et avait commencé à faire quelque recherches sur l’art et la manière de se débarrasser des parasites, si possible avec une méthode sans produit toxiques pour les compagnons animaux autorisé de la maison.

Seulement, trouver une méthode efficace s’était avéré plus compliqué que de réussir une divination.  Entre les recettes à base de bière , de purin d’ortie , Nimue s’était retrouvée perdue, sans plus de solutions efficace. Elle s’était mise à rechercher sur les forums spécialisées les avis des jardiniers amateurs avant de trouver le saint Graal. Un livre, un peu ancien mais dont les utilisateurs chantaient les louanges. Premier soucis, le dit livre n’était pas disponible en version numérique. Second soucis, après renseignement, aucune librairie de la ville ne semblait l’avoir en sa possession.  Troisième soucis et pas des moindre, le livre ne serait livrer que dans trois semaines, pour cause de rupture de stock. Horreur, Damnation , Nimie imaginait déjà la cochenille se rependre sur ses ficus le temps que ce fichu livre arrive en sa possession avec ses précieuses informations. Une lueur d’espoir cependant : le livre était disponible au prêt à la librairie municipale . Elle avait accueilli la nouvelle dans un soupir satisfait , notant soigneusement le référence de l’ouvrage en classification Dewey, ainsi que son rayon et son étage. Il n’y avait plus qu’à se rendre à la bibliothèque .

Nimue avait remis un peu d’ordre dans ses cheveux blond, les coiffant dans un longue natte lâche, s’était apprêtée mais avait du arrêter son mouvement. Une musique s’était mise à chanter au creux de son oreille. Il lui avait bien fallu cinq minutes pour comprendre que l’arcane , s’improvisant probablement styliste, décide qu’il était absolument indispensable qu’elle ne se change. La jeune femme avait grimacé, avant d’obtempérer, se disant que ce n’était pas grand chose, des vêtements finalement . Et puis, peut être que s’apprêter permettrait une meilleure journée. Elle avait donc échangé sa tenue relâchée par une jolie robe verte à fleur , serrée sous la poitrine et évasée pour cacher ses formes. La tenue était complétée un paire de collant épais sombre, des boots fourrées, qu’elle échangerait assez vite avec des talons une fois en intérieur, coquetterie quand tu nous tient et un long gilet blanc. Un lourd manteau de laine et un grand sac à main de marque , discret.

La première chose qui la marque en arrivant, c’est l’attroupement pour le moins inhabituel pour un samedi matin. L’explication arrive bien vite. Panne de système informatique . Impossible de recherche un ouvrage, impossible de l’emprunter. Chance. Nim , une fois les talons repassés et les boots rangées dans un sac en plastique , dans le sac à main(si vous avez bien suivi) offre son plus grand sourire à l’employée dépitée, lui montre son petit papier avec les références. On lui indique dont sans soucis le rayon. Peut être que c’était pour ça la tenue agréable inspirée par l’arcane. Il ne lui faut que quelques instants pour remettre la main dessus. Elle pose la main dessus , le sort et ...

C’est un petit « o » qui se dessine sur ses lèvres, un petit « o » sans prétention, calme, silencieux mais qui la fait devenir statue de sel immobile. Rien ne semblait pourtant prédestiné pour la faire devenir, pour quelques instant le centre d’une attention. D’un côté, cela la panique, elle n’est pas dans un cadre qui prête au rencontre habituellement, une bibliothèque en pleine anarchie est plus un endroit où l’on se faufile sans bruit, pour ne pas déranger les employés déjà bien occupé et probablement peu amène depuis qu’ils ont perdu un outil indispensable de travail. De l’autre, c’est réjouissant. Une nouvelle rencontre, une nouvelle connaissance, peut être une nouvelle discussion, plusieurs même, un nouveau numéro de téléphone à ajouter au répertoire de son téléphone, un nouvel identifiant pour les listes de contacts et d’amis sur les réseaux sociaux. Peut-être plus. En sommes, un nouveau moyen de ne pas être seule, encore un. Une nouvelle assurance. Le problème, c’est que si elle le laisse repartir comme ça, avec le livre, tout tombe à l’eau. D’abord parce qu’il y a un risque qu’il parte avec et que dans ce cas, la cochenille aura vaincu dans son éden personnel.  Et puis surtout, la rencontre, ce petit bout de fil noué se détachera sans demander son reste. Ce serait idiot.

« Je … »

Elle hésite, sert le livre contre sa poitrine.

« C’est que j’en ai vraiment besoin, moi aussi, je m’en excuse, mais … C’est urgent, de même. Cependant … »

Nouvelle hésitation, elle cherche, échafaude.

« J’ai sur moi mon scanner portable. Je peux scanner les pages dont vous avez besoin, en plus des miennes et vous les imprimer chez moi ? Je crains que la photocopieuse du lieu soit aussi hors service, avec les soucis informatiques. »

Elle se reprend vite.

« C’est très cavalier de ma part. Tout du moins, permettez-vous que je scanne d’abord le passage qui m’intéresse ? Je suis quelque peu prise par le temps, cette sortie n’était pas prévue et je suis attendue… »

Attendue par Heka, 3 ans, pelage noir et blanc, bouille en cœur, laisse dans la gueule mais attendue. Mais attendue quand même
.  

« Nous allons bien trouver à nous installer à une table, malgré l’affluence, qu’en pensez-vous ? »