((hearts are never b r o k e n))

Je peux pas, Axel, tu prends rien au sérieux.
épaules haussées et sourire parfait - (ah) - nonchalante, pour adoucir le courroux d'en face.
C'est toujours pareil avec toi, au début, y a aucun problème, puis j'te vois regarder les autres gars - meufs, il ajoute. Et j'ai l'impression que tu te fous de ma gueule. T'as jamais de soucis, tu comprends pas que je souffre, je peux pas.

(et si je te disais
qu'on n'a qu'une seule vie
que je ne t'aime plus, oui, depuis quelques jours déjà ou est-ce depuis aujourd'hui ?
que je n'ai pas le temps de me morfondre parce que je connais, tu sais, l'humeur qui se dégrade et les soucis qui finissent par peser à en faire ployer le dos - les silences qui s'allongent et les pensées qui les meublent, sinistres, malsaines
a s s a s s i n e s.

et si je te disais que j'ai des soucis, moi aussi, que je choisis simplement de ne pas les laisser m'étouffer ; franchir chaque jour, chaque nuit en apnée, en attendant qu'un rayon de soleil vienne nous gracier des mauvaises idées -
et si je te disais que vous allez peut-être tous mourir demain et je ne veux pas porter ce fardeau là, vos peurs, vos poids, emportez-les avec vous, loin de moi

si j'étais honnête avec toi
si je te disais--
Et t'es encore là, à sourire alors que je te quitte. Demain, t'auras déjà tout oublié, c'est ça, hein, Axel ?
que je vous aime, est-ce que, cette fois, ça suffirait ?)

•••
- née dans une famille avec un père, une mère, une grande soeur.
- grandit heureuse, enfance classique, papa est un peu maladroit avec l'affection, l'exprime difficilement et rarement mais tant que maman est là pour traduire, ça va.
- maman morte d'une maladie, dont le nom nous échappera à vie.
- soudain, mur froid avec papa, on ne dialogue plus.
- la grande soeur essaye de faire la passerelle, comme maman, mais ça ne marche pas, et l'amour s'étiole lentement.
- papa part, un soir, et ne revient pas.
- dix huit-ans et la grande soeur, vingt-cinq, se marie, propose de venir habiter avec elle et son époux ; (merci, mais non) on choisit la vie d'appartement, pour se reconstruire entièrement.
- après avoir connu les intempéries, les ciels tristement gris, on devient le soleil de notre propre vie.