Il était une fois, moi - Capt'n Gallows.

XIIème, La Mort.

Connor regarde le large, les petits débris divers que la mer dégueule sur une plage souillée. Il n'est pas bien sûr de comprendre si le sort se rit de lui, où s'il doit y trouver une révélation tant attendue. Tous ces petits restes de structures, il sait mieux que quiconque qu'ils ont un jour appartenu à un ensemble, construit un organisme fonctionnel. Alors il patiente, cherche des ruines de sa vie parmi les décombres, se demande comment il aurait pu mieux les agencer pour trouver son bonheur, ramasse les déchets pour rendre l'air plus vivable, il a le temps de le faire, après tout. Puis, pris d'une inspiration puissante, son regard se perd vraiment vers l'horizon, se retourne même vers son être pour qu'il ne voie rien, sinon ses regrets pendant quelques instants. Le capitaine revient rapidement à lui, et ses yeux retombent naturellement sur un tract mouillé qui annonçait quelque animation dans un bar peu réputé, il le lisait et l'envoyait pourrir dans un sac poubelle en souriant. Il l'avait appris, compris, que se replonger dans ses souvenirs, perdre de vue le présent, lui faisait trouver par chance une promesse d'avenir. Des éclats de sa vie incomplète avaient émergé un terreau fertile, le marin plantait alors des graines, incertain. Des fruits qui allaient tomber, il espérait que la plupart puisse être mangée par l'altérité. On pouvait bien les lui voler, il allait les distribuer, quelle importance? Tant qu'on leur trouvait bon goût, il n'y avait pas tant de mal. Il espérait surtout être enterré auprès de ses arbres, de les voir veiller sur son corps mortel, de ne plus les voir transmettre ses légendes immortelles, ses petites histoires jugées stupides. Mais avant tout, il fallait tirer un trait sur le passé: le laisser pourrir la où il est. Le cycle perpétuel du train-train quotidien peut être brisé avec si peu d'efforts, au final...