Le monde est petit et te retrouver en son centre n'est pas déplaisant. Peut-être qu'un jour, nous reignerons ensemble sur mon nouveau royaume ?
Tu as commencé à prendre tes marques, au Faucon d’Or, depuis un an que tu es arrivé. Tu as bien analysé les lieux et surtout, les personnes qui évoluent dans le casino. Ils sont de tous genres, de toutes classes sociales. Tout diffère chez vos clients, c’est ça qui fait la qualité de l’argent, du jeu. Il n’y a pas d’élitisme, ici, on vient tous jouer sa vie.
On vient parier sa réussite, au risque de tout perdre. C’est ce qui te plaît, c’est ce que tu trouves le plus grisant. Toi, tu es au-dessus de la pyramide à les regarder la gravir et lâcher prise. Ils dégringolent tout en bas, et recommencent à grimper. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Tu as la sensation de régner sur un empire, et tu as tout le loisir d’analyser les réactions du genre humain.
L’argent gouverne tout, et pour ces petits billets verts, certains sont même en mesure de vendre leur femme. Ils pensent pouvoir gagner à ce petit jeu, sauf qu’au casino, personne à part le gérant, n’est victorieux. Et toi, tu es celui qui bientôt, lorsque ta formation sera terminé, deviendra le nouveau souverain de ce beau monde. Au final, tu auras tout réussi.
Maître du trafic de drogue, maître de l’âme des gens. Que te restera-t-il à faire ? Ah oui… A l’avoir, elle. Elle se nomme Lily, et tu la connais bien. Elle était ta camarade de classe lorsque tu étais encore à l’université et vous êtes rapidement devenus amis, échangeant à la fois en réel, que sur les réseaux sociaux. Tu l’as toujours trouvé à ton goût et tu ne t’es pas gardé de le lui dire.
Malheureusement, elle n’a pas semblé s’en rendre compte et tu es rentré à Crucible, sans jamais l’obtenir. Tu pensais que votre relation en resterait à quelque chose de platonique, et que la distance resterait à jamais entre vous… Mais c’était sans compter sa venue en ville, et son embauche dans ton casino. Comme si les cartes s’alignaient parfaitement pour vous deux.
Tu ne t’es rendu compte que très récemment que c’est elle qui sert les verres aux clients. Il faut dire que tu as passé davantage de temps dans les bureaux du casino, que devant le comptoir. C’est une fois que tu as décidé de quitter ta tour d’ivoire que tu l’as vu. Et aujourd’hui, tu viens lui commander un verre, alors que tu étais simplement venu voir comment les choses se déroulent aux machines à sous.
-Un verre de martini, s’il te plaît.
Tu demandes en prenant place sur le tabouret. Tu penses que Lily te prendra d’abord pour un client un peu trop familier avec elle, avant de te reconnaître. Tu ne penses pas avoir beaucoup changé physiquement. Cela ne fait qu’un an que tu es rentré à Crucible. Et davantage, elle ne doit même pas soupçonner que tu es le gérant du casino – du moins ton père -, et que tu fais partie de la prestigieuse famille des Lionheart. Hm, ça a quelque chose de grisant.
Les clients n'étaient pas vraiment présents pour le moment et c'était le moment parfait pour dessiner un peu. Tu étais assise un peu derrière le bar, ton carnet à croquis devant toi, ton crayon dans les doigts et tes yeux qui vagabondaient sur ce qui était devant toi, à la recherche de quoi, qui, dessiner. Perdue dans tes pensées, tu n'avais pas entendu la personne qui s'était approchée du bar et l'interpellation, familière, te fis soupirer violemment et lever les yeux au ciel. Tu te forças à sourire, passas très rapidement les mains sur ta jupe qui s'était relevée, et retournas vers le bar.
« Bien sûr monsieur. »
Tu attrapas un verre et servis la boisson, pensant déjà à ce que tu allais faire après. Ton service durait toute la nuit, peut-être que tu ne dormirais pas tout de suite, tu avais encore des projets à rendre. Une fois le verre remplit, tu relevas la tête en souriant pour donner le verre avec toujours ce même sourire forcé que tu donnais aux clients qui t'énervaient un peu.
« Et voi- »
Tes yeux croisèrent ceux du client et tu te figeas sur place, les sourcils froncés. Il y avait quelque chose de familier. Tu glissas le verre sur le comptoir et t'accoudas au comptoir, la tête dans les mains, soudain très curieuse. Il te rappelait quelqu'un.
« Est-ce que je vous connais ? »
Tu passas ta langue sur tes lèvres, réflexe lorsque tu réfléchissais. Cela te prit quelques minutes, longues minutes qui devaient très probablement être gênantes pour la personne en face de toi.
« A-Arthur ? »
Tu clignas plusieurs fois des yeux, te retint de frotter les yeux pour ne pas ruiner le maquillage que tu portais pour le travail, soudain extrêmement gênée de le revoir, dans cette situation. Gênée qu'il te voit en plein travail, tellement différente de comment tu étais au quotidien.
« Qu'est-ce que tu fais ici ? »
|
|