blowing shit up with homemade dynamite. simon.

kai attendait. rien que cela, en soit, était un miracle très appréciable : la future thésarde n'avait pas la patience dans son sang. cela se voyait, immanquablement ; ses quatre centimètres d'ongles, colorés d'un orange rappelant l'été, tapaient frénétiquement contre son téléphone portable. si on s'approchait, on entendait les notifications qui n'arrêtaient pas de s'enchaîner ; on pourrait être dérangé par cet afflux de signaux mais kai faisait comme elle voulait. et, actuellement, elle voulait partir faire ce foutu tour pour débiles qui se font avoir par la magie et les paillettes de la magie . et vite. déjà qu'elle payait pour ça (payer ! avec son propre argent ! pour des conneries pareilles !), elle ne voulait pas dépenser de son temps en plus.
elle profita d'une devanture de magasin pour remettre ses chignons en place -bien symétriques, d'une rondeur parfaite, et avec une longueur impressionnante. ah, on voyait les racines. elle le savait, mais ça ne l'empêchait pas de s'énerver à chaque fois qu'elle en était témoin. mh. elle regarda le reste : son top bandeau était parfait, accentuant sa taille entourée d'une ceinture exagérément grosse. le jean noir qu'elle portait était oversize, dévoilant à peine ses baskets -qui passeraient inaperçues si elles n'étaient pas roses fluo.
bref, sommes toutes, elle était prête. et elle s'ennuyait.
lorsqu'elle aperçu du mouvement vers sa direction, elle n'attendit pas une seconde de plus. simon ? ok, ravie, on y va ? on a pas toute la journée, hein. vraiment, la sympathie au bout de la langue. elle hésita à regarder son téléphone. elle n'était même pas sûre qu'il était en retard.

l'énergumène qui s'avança avait l'air vraiment paumé. une seule syllabe l'atteignait, et le voilà qui s'effondrait comme un biscuit trop cuit ; devenu colonne de sable, il n'en restait pas grand chose. les mots se mélangent, les sourires sont forcés, la nervosité s'invite derrière sa nuque.
ah. c'est pas vraiment cool, comme atmosphère, et kai n'aime pas non plus mettre les gens mal à l'aise, mais elle est trop exaspérée par les bêtises que les gens croient -eux qui se permettent, après, de douter de faits prouvés par a + b. sighs.
quand il lâche un bienvenue retentissant, kai le remercie d'un sourire étincelant. allez, jeu d'actrice oscarisée, c'est cadeau pour la bonne cause. et pas du tout pour se moquer de la bourde qui a suivi après. nah.
cool. elles venaient d'où les -ah, elle devait se forcer pour ne pas qu'on sente les guillemets dans sa phrase sorcières de salem ? étaient-elles venues directement d'europe ? avaient-elles massacré les indigènes elles aussi ? avaient-elle brûlées seulement une fois qu'on n'avait plus d'autres corps à immoler ?
bon, kai était parfois assez défaitiste.
dis le gamin était prêt à être déchargé du fusil qu'était sa bouche, mais elle se ravisa rapidement. au final, ils avaient probablement le même âge. kai aimait simplement se penser plus mature. t'es né ici, toi ? t'en penses quoi, de cet héritage mystique de la ville ? elle sortit son téléphone pour le mettre sur silencieux, elle-même exaspérée de ces bruits répétitifs qui indiquait qu'on l'attendait ailleurs. ah ! c'était bien le moindre respect, non, que de donner son attention au petit simon ?